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Ode

                     Ode

 

Vous que je chante dans mes vers,

Vous, conquérants de l’univers,

Vous faites plus que les apôtres,

Gens sans science et sans esprit.

Ils prêchaient les dogmes de Jésus-Christ,

Vous ne nous prêchez que les vôtres.

 

Il fallut que le Saint Esprit

Du sein du père descendit

Pour faire parler ces statues.

Pour d’esprit vous n’en manquez pas,

Mais c’est de celui d’ici-bas,

En guerre avec celui des nues.

 

Un prophète à son compagnon

Donne son double esprit, dit-on,

Présent digne du seul Élie.

Ignace en ce seul point le suit :

Il fait couler son double esprit

Dans chacun de sa compagnie.

 

Quand Jésus du diable tenté

Sur le temple fut transporté,

Il lui montra la terre et l’onde.

Tout ce que tu vois est à toi

Lui dit Satan, adore-moi,

Et je te fais maître du monde.

 

Ainsi, mes pères, les démons

Qui vous portent delà les monts,

Vous offrent l’un et l’autre pôle.

L’offre est belle, et qui peut tenir,

Surtout quand pour tout obtenir

Il ne faut qu’encenser l’idole.

 

Vous vous accomodez à tous1 ,

Vous descendez jusques à nous,

Votre prudence est infinie,

Vos mœurs changent selon le lieu :

Ici vous n’avez qu’un seul Dieu

Vous en avez deux en Asie.

 

Autre est le culte des chrétiens,

Autre est celui des Indiens,

Autre encor celui des jésuites

Ceux à qui vous prêchez la croix

Ne sont ni chrétiens, ni chinois,

 

Ils sont de vrais hermaphrodites.

  • 1Les deux dernier couplets ne se trouvent que dans BHVP)

Numéro
$4635





Références

BHVP, MS 551, p. 139-40 - Lyon BM, MS 757, f°7 et 87