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Sur les parlements d'Aix et de Paris

Sur les parlements d’Aix et de Paris
Or écoutez, petits et grands,
Les actes de deux parlements,
L’un trop zélé pour la justice
Punit la volonté du vice1 ,
L’autre renvoie impunément
Le sacrilège à son couvent.

Relisez attentivement
L’arrêt de tous le plus criant
Que le Parlement de Provence,
Autrefois un des bons de France,
A rendu sans aucun égard
Pour blanchir le Père Girard.

Ce jésuite, infâme bigot,
Méritait au moins le fagot
Pour avoir séduit La Cadière
De la plus damnable manière
Avec d’autres filles aussi
Qu’il dirigeait à sa merci.

Quoique convaincu pleinement
Par son propre aveu seulement,
L’arrêt le décharge de crime
Et le renvoie en bonne estime
Au juge églisier qui déjà
Avait sauvé ce scélérat.

Puisqu’on lave ainsi l’accusé
Et qu’il est en tout excusé,
Les accusateurs sont coupables
Et par conséquent punissables ?
Non, ils ont dit la vérité,
Par grâce tous ont liberté.

O quel étrange jugement !
Qui de lui-même se dément.
Quelle en sera la conséquence ?
Du sacrement de pénitence
Chacun connaissant les abus,
Se confesser ne vaudra plus.

Les directeurs par ce canal
Pourront faire impunément mal,
Corrompre même nos Lucrèces,
Usurper toutes nos richesses.
S’il s’en trouve de bons entre eux,
Ils sont interdits en tous lieux.

Excusez notre procédé,
Le ministre nous a mandé
De sauver un des coqs d’Ignace
Et cette abominable race
Nous a gagnés par tant d’argent
Que l’on n’a pu faire autrement.

  • 1 Arrêt contre Dulis, juif, et son valet de chambre qu’il avait envoyé pour assassiner Francoeur et la Pélissier. (Castries)

Numéro
$5413


Année
1731 (Castries)




Références

F.Fr.15133, p. 56 (couplet 1) - Mazarine Castries 3985, p.70-72