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Sans titre

Le parlement bien sain

Mon cousin

 A fait un beau voyage.

Le reste corrompu, le vois-tu,

Rend ses arrêts en cage

Mon cousin

Voilà la nouvelle allure

Mon cousin,

Voilà la nouvelle allure.

L’avocat le soutient

Promesse ni menace

Il chante la vertu, le vois-tu,

De rebuquer en face

Contre la nouvelle allure.

Tous vont le même train,

Malheur aux réfractaires

L’un pour l’autre tenu, le vois-tu,

Le force de bien faire

Malgré la nouvelle allure.

Un seul d’entr’eux

A vu ce qu’en vaut l’aune.

Donar qui s’est rendu, l’as-tu vu,

En est pour son bec jaune

Avec sa nouvelle allure.

Ce courtisan bien fin

Crut gagner à se rendre

Mais peu s’en est fallu, l’as-tu vu,

Qu’on ne l’ait laissé prendre

Malgré sa nouvelle allure.

Du ministre hautain

Méprisant la puissance

Chez eux l’on est perdu, le vois-tu,

Dès qu’on prend la cadence

Pour une mauvaise allure.

Et pour devenir saint

Dit Marie à la Coque

De ne point haïr Dieu, le vois-tu,

Hé quoi, cela te choque,

Voilà la nouvelle allure.

Un interdit romain,

Juste ou non, il n’importe.

À notre souverain, le vois-tu,

Nous arrache à main forte,

Voilà la nouvelle allure.

Ceux qui nous ont forgé

Ce nouveau catéchisme

Avec le non croyant, le vois-tu,

Veulent que l’on fasse schisme,

Voilà la nouvelle allure.

Sous peine de prison

Ils veulent qu’on se rende.

Il n’est plus qu’à ce prix, le vois-tu,

D’évêché ni prébende.

Voilà la nouvelle allure.

C’est pour cela qu’en plein,

Puissant dans la finance,

Hérault met en archer, le vois-tu,

Les deux tiers de la France.

Voilà la nouvelle allure.

Au Roi pour ce qu’on fait

De la magistrature

Qui voit trop clair pour eux, le vois-tu,

La plus noire peinture,

Voilà la nouvelle allure.

Enfin, c’est ce qui fait

Qu’obéissant au prince

Le Parlement s’en va, le vois-tu,

Montrer dans la province

Quelle est la nouvelle allure.

Numéro
$6138


Année
1731 / 1732




Références

Clairambault F.Fr.12704, p.339-40 - Maurepas, F.Fr.12633, p.175-79 - F.Fr.15146, p.105-11 (variantes)


Notes

Datés de 1731 par le manuscrit Castries et de 1732 par Clairambault, il est une très importante série de poèmes fondés sur le timbre de l’Allure dispersée dans les chansonniers. On les trouvera, pour le plus grand nombre,  regroupés aux $1727-1736, 5428-5435, 6138-6140, ainsi qu’à $2802 et 3968. Ils relatent à leur manière le conflit du moment entre la monarchie et son parlement de Paris, ponctué d’arrêts, de remontrances, d’un lit de justice et, pour finir, d’une démission collective des magistrats suivie d’ordres d’exil pour les récalcitrants.