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Le Procès du collier

Le procès du collier1
Nous voici dans le temps pascal.
Que dites-vous du cardinal ?
Apprenez-nous s’il chantera :
Alleluia

Le Saint-Père l’avait rougi,
Le Roi de France l’a noirci,
Le Sénat le savonnera.

Alleluia

Que Cagliostro ne soit rien2 ,
Qu’il soit Maltais, juif ou chrétien,
A l’affaire que fait cela ?

Alleluia

A Versailles, comme à Paris,
Tous les grands et tous les petits
Voudraient élargir d’Oliva.

Alleluia

Planta, du fond de sa prison,
Demande grâce au bon baron,
Qui lui dit qu’il y restera.

Alleluia

De Valois l’histoire insensée
Par un roman fut commencée ;
Un collier la terminera.

Alleluia

La pauvre Bette d’Etienville,
Au lieu de la belle Courville,
Sur un poteau s’accolera.

Alleluia

 

Survient Villette l’écrivain3
Confus d’avoir prêté sa main
Comme la Motte l’exigea
Alleluia

Pour d’Étienville au teint vermeil
À la grève un coup de soleil
Sur l’épaule le frappera
Alleluia


Voici l’histoire du procès
Qui met tout Paris en accès ;
Nous dirons quand il finira.
Alleluia.

  • 1« On a fait un second vaudeville, comme celui du mois de janvier, qui contient des couplets plus plaisants et d’autres plus malins sur l’affaire du cardinal, dont il est un résumé historique au moment actuel… On voit par le cinquième couplet, et il a été vérifié depuis, que le baron de Planta, pour lequel le Parlement avait également chargé le président d’Ormesson et ensuite le premier président d’interposer leurs bons offices auprès du Roi, n’est pas aussi heureux que Mme de Cagliostro ; il reste toujours à la Bastille, quoiqu’il ne soit frappé d’aucun décret, et, suivant l’auteur du vaudeville ce serait le baron de Breteuil qui déterminerait Sa Majesté à cet acte de rigueur continue. » (Mémoires secrets)
  • 2« Le comte est un de ces êtres qui paraissent de temps à temps, gens inconnus qui se font passer pour adeptes ; se mêlant de médecine, d’alchimie, quelquefois de magie, merveilleux en tout, dont le public grossit toujours les aventures extraordinaires, et qui, après avoir ruiné les sots, finissent toujours par le carcan. Ce qui est assez singulier, c’est que le comte de Cagliostro ayant tous les dehors de ces sortes de gens n’en a point eu les habitudes pendant le séjour qu’il a fait à Strasbourg et à Paris ; au contraire, il n’a jamais pris un sou de personne. Vivant assez honorablement, il a toujours tout payé avec la plus grande exactitude et fait beaucoup de charité, sans qu’on ait jamais su d’où il tirait les fonds. Le cardinal de Rohan l’avait connu à Strasbourg et le prit dans une telle amitié, une telle confiance, que Cagliostro venu à Paris ne le quittait plus. La demoiselle Oliva est une de ces filles qui vivent du misérable tribut dont le premier venu paye leur complaisance, le soir, dans les promenades publiques. Le sieur Bette d’Etienville est un de ces hommes qui ne comptent que sur les ressources du moment. Le sieur de Villette est un homme dans le même genre. Voilà quelles sont les gens qui, dans ce procès criminel, ont figuré à côté du prince Louis de Rohan, cardinal, évêque de Strasbourg et grand aumônier de France. »(Mémoires du baron de Besenval.)
  • 3Ce couplet et le suivant ne se trouvent que dans la Correspondance secrète.

Numéro
$1575


Année
1786 avril




Références

Raunié, X 211-13 - BHVP, 4-RES-0323, f°18 - Correspondance secrète, t.II, p.27